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PHILIPPE GILLE.


Souriez à ces jours bénis,
Ces jours où l’on n’est occupée
Que d’écouter de tels récits
Pour les redire à sa poupée !

Je répétais avec succès
Le Poucet, Cendrillon, Peau-d’Âne,
Et puis, en partant, j’embrassais
Sur son front la petite Jeanne.

Où sont-ils ceux qui résoudront
Ce doux et bizarre problème :
Voilà mes lèvres, votre front,
Le baiser serait-il le même ?




DORS !


Va, reste, ô pauvre mort, dans la tombe couché,
Ferme bien ton oreille au bruit qui vient de terre,
Et sous l’arbre fleuri qui sur toi s’est penché
Dors, sans te retourner, la grande nuit entière !

Si ton corps au tombeau pouvait être arraché,
Si tu pouvais un jour sortir de ta poussière,
Si tu pouvais entendre en un coin bien caché,
Si tu pouvais encor soulever ta paupière,