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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Trop de bourreaux, hélas ! que pour grands on renomme,
              Ont fait le monde ensanglanté,
Sans que nous façonnions à l’image de l’homme
              Le cœur de la divinité !

(La Gerbe)



LA JEUNESSE ET L’AMOUR


MARBRE




Lamour à la jeunesse étonnée, interdite,
Vient faire, en se jouant, sa première visite ;
L’étonnement fait place au sourire ; l’Amour,
De ses deux poings, pareils aux serres du vautour,
Pareils au lierre entré dans l’écorce d’un arbre,
De sa chair vierge encor semble pétrir le marbre.
Elle, le sein gonflé de curiosité,
Savourant un frisson d’intime volupté,
Entre ses doigts légers emprisonnant les ailes
De cet enfant mutin aux lèvres sensuelles
Qui s’est, comme un oiseau, sur ses flancs abattu,
De la bouche et des yeux demande : « Que veux-tu ? »





LES VIEILLARDS


 

Jhonore les vieillards, ces débris du passé ;
J’aime ces fronts blanchis où l’histoire a tracé
                 Plus d’un grand fait en larges rides ;