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EUGÈNE MANUEL


1823




Cest par des qualités toutes françaises d’émotion, de simplicité, de naturel, de clarté, qui n’excluent ni l’élégance soutenue, ni l’élévation fréquente, que M. Eugène Manuel a conquis l’une des premières places au « Canon » des poètes de ce temps. Son talent se recommande par une probité parfaite, il donne tout ce qu’il promet ; il plaît à tous par une continuelle harmonie entre la forme toujours juste et la pensée toujours généreuse.

Le début de M. Eugène Manuel, Les Pages intimes, suffit à le placer hors de pair. La sympathie courut à ce vrai poète qui ne se produisait qu’avec maturité, après une longue élaboration, un recueillement scrupuleux. La situation spéciale de l’auteur ajoutait, ajoute encore à l’attrait de ses poèmes ; car M. Manuel avait composé son livre initial dans les rares loisirs du professorat. Maintenant il donne à la Muse les heures intermittentes que lui laissent les fonctions plus hautes, mais moins absorbantes, de l’Inspection Générale. C’est au milieu de ces occupations toujours remplies avec conscience et supériorité que le poète a successivement créé et mis au jour les Poèmes populaires, les petits drames si pathétiques des Ouvriers et de l’Absent, Pendant la guerre, En Voyage.

Les Poèmes populaires, retardés par les événements de 1870-71, ont paru longtemps après leur composition. Aussi faut-il reconnaître à M. Manuel pour ce volume, comme pour le précédent, un mérite de priorité : c’est lui qui le premier a fait inaugurer, du moins fait accepter ce genre nouveau de récits, pris dans l’existence de chaque jour, où le