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THÉODORE DE BANVILLE.


À LA FONT-GEORGES




Ô champs pleins de silence,
Où mon heureuse enfance
Avait des jours encor
    Tout filés d’or !

Ô ma vieille Font-Georges,
Vers qui les rouges-gorges
Et le doux rossignol
    Prenaient leur vol !

Maison blanche où la vigne
Tordait en longue ligne
Son feuillage qui boit
    Les pleurs du toit !

Ô source claire et froide,
Qu’ombrageait le tronc roide
D’un noyer vigoureux
    À moitié creux !

Sources ! fraîches fontaines !
Qui, douces à mes peines,
Frémissiez autrefois
    Rien qu’à ma voix !

Bassin où les laveuses
Chantaient, insoucieuses,
En battant sur leur banc
    Le linge blanc !