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PIERRE DUPONT.

 
Dans l’écorce du coudrier
Serrez les filles du fraisier :
Qu’elles ne voient plus la lumière ;
À la halle pour quelques sous,
Avec les panais et les choux,
On va les vendre à la fruitière.


Qui veut des fraises du bois joli ?
                En voici,
En voici mon panier tout rempli,
        De fraises du bois joli !


La fontaine des Innocents
Voit, la nuit, parmi les passants,
Dormir plus d’une paysanne
À qui son bras sert d’oreiller ;
La lune garde son panier,
La lune blonde et diaphane.


Qui veut des fraises du bois joli ?
                En voici,
En voici mon panier tout rempli,
        De fraises du bois joli !


La belle aurait pu, sans souci,
Manger ses fraises loin d’ici,
Au bord d’une verte fontaine,
Avec un joyeux moissonneur
Qui l’aurait prise sur son cœur ;
Elle aurait eu bien moins de peine.