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PIERRE LEBRUN


1785 – 1873




Pierre Lebrun est né à Provins, comme Hégésippe Moreau. Le lendemain de la victoire d’Austerlitz, l’Empereur, étant à Schœnbrunn, lut au Moniteur une ode sur la bataille, qui commençait ainsi :


Suspends ici ton vol ; d’où viens-tu Renommée ?
Qu’annoncent tes cent voix à l’Europe alarmée ?
— Guerre. — Et quels ennemis veulent être vaincus ?
— Allemands, Suédois, Russes, lèvent la lance ;
               Ils menacent la France.
— Reprends ton vol, Déesse, et dis qu’ils ne sont plus.

« L’ode, dit Alexandre Dumas fils, successeur du poète à l’Académie française, l’ode continuait, elle aussi, son vol, presque toujours aussi haut et aussi large que ce beau début ; mais cela n’étonnait personne : l’ode était signée Lebrun. Or, à cette époque, on ne pouvait pas supposer qu’une ode signée Lebrun pût être d’un autre Lebrun que le vrai, le fameux, le seul Lebrun, celui qui avait été surnommé Lebrun Pindare. Ce qui étonnait un peu, c’était qu’il eût pensé à chanter un pareil sujet. Lebrun Pindare, le poète révolutionnaire, le chantre du Vengeur, se ralliait donc à l’Empire ? » Qu’on expédie une rente viagère de six mille francs à M. Écouchard Lebrun ! » dit l’Empereur.

« Mais il se trouva que M. Lebrun Pindare était absolument innocent de cette ode, et qu’elle était l’œuvre d’un collégien de vingt ans, qui por-