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NODIER.


Que ta voix si jeune et si vieille,
           Qui m’éveille,
Vient me délivrer à propos
           Du repos !

Ta muse, ami, toute française,
           Tout à l’aise,
Me rend la sœur de la santé,
           La gaîté.

Elle rappelle à ma pensée
           Délaissée
Les beaux jours et les courts instants
           Du bon temps,

Lorsque, rassemblés sous ton aile
           Paternelle,
Échappés de nos pensions,
           Nous dansions.

Gais comme l’oiseau sur la branche,
           Le dimanche,
Nous rendions parfois matinal
           L’Arsenal.

La tête coquette et fleurie
           De Marie
Brillait comme un bluet mêlé
           Dans le blé.

Tachés déjà par l’écritoire,
           Sur l’ivoire
Ses doigts légers allaient sautant
           Et chantant.