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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


À qui je destinais vos royales couleurs ;
Et je suis revenu, pour vous sauver de l’ombre,
Vers la Fée elle-même, avec le cœur bien sombre.

Plus sombre en est le deuil qui s’entoure de fleurs ;
L’ombre pour nous calmer a des oublis sans nombre,
Mais aux couleurs du jour se ravivent les pleurs.


(Sextines)


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SUR LE SIÈCLE ACTUEL


sonnet




Le culte du passé ne me rend point injuste.
Je ne viens pas toujours m’attaquer au présent,
Parce qu’il garde au front quelque tache de sang
Des mains de la Terreur, sa nourrice robuste.

Par trois fois mesuré sur le lit de Procuste,
Ce siècle, il faut le dire, est beaucoup plus décent
Que celui dont la honte, en tous lieux s’exhaussant,
Dans les vers de Gilbert si rudement s’incruste.

Plus de crimes altiers, plus d’excès monstrueux,
De sanglant ravisseur, de traitant fastueux
Jetant sur le pavé les finances qu’il pille.

Le vice aime aujourd’hui la paix de la maison ;
La débauche se range, et l’on vole en famille ;
On est impie, infâme, avec calme et raison !


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