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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


À lui le travail, le danger,
La lutte avec le sort contraire ;
À lui l’orgueil de protéger
La grande sœur, le petit frère.

Son épargne est le fonds commun
Où puiseront tous ceux qu’il aime ;
Il accroît la part de chacun
De tout ce qu’il s’ôte à lui-même.

Il voit, au prix de ses efforts,
Suivant les traces paternelles,
Tous les frères savants et forts,
Toutes les sœurs sages et belles.

C’est lui qui, dans chaque saison,
Pourvoyeur de toutes les fêtes,
Fait abonder dans la maison
Les fleurs, les livres des poètes.

Il travaille, enfin, nuit et jour :
Qu’importe ! les autres jouissent.
N’est-il pas le père à son tour ?
S’il vieillit, les enfants grandissent !

Du poste où le bon Dieu l’a mis
Il ne s’écarte pas une heure ;
Il y fait tête aux ennemis,
Il y mourra, s’il faut qu’il meure !

Quand le berger manque au troupeau,
Absent, hélas ! ou mort peut-être,
Tel, pour la brebis et l’agneau,
Le bon chien meurt après son maître.