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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Et dans cet hosanna suprême
Tu verras, au bruit de nos chants,
S’enfuir le doute et le blasphème,
Tandis que la Mort elle-même
Y joindra ses derniers accents.


Février 1838.


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LE FILS DU TITIEN

SONNET




Lorsque j’ai lu Pétrarque, étant encore enfant,
J’ai souhaité d’avoir quelque gloire en partage.
Il aimait en poète et chantait en amant ;
De la langue des dieux lui seul sut faire usage.

Lui seul eut le secret de saisir au passage
Les battements du cœur qui durent un moment ;
Et, riche d’un sourire, il en gravait l’image
Du bout d’un stylet d’or sur un pur diamant.

Ô vous, qui m’adressez une parole amie,
Qui l’écriviez hier, et l’oublierez demain,
Souvenez-vous de moi qui vous en remercie.

J’ai le cœur de Pétrarque, et n’ai point son génie ;
Je ne puis ici-bas que donner en chemin
Ma main à qui m’appelle, à qui m’aime ma vie.


3 mai 1838.


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