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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Le boa se déroule et siffle,
Le tigre fait son hurlement,
Le buffle en colère renifle,
Lui dort ou paît tranquillement.

Il ne craint ni kriss ni zagaies,
Il regarde l’homme sans fuir,
Et rit des balles des cipayes
Qui rebondissent sur son cuir.

Je suis comme l’hippopotame :
De ma conviction couvert,
Forte armure que rien n’entame,
Je vais sans peur par le désert.

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TRISTESSE




Avril est de retour.
La première des roses,
De ses lèvres mi-closes,
Rit au premier beau jour ;
La terre bienheureuse
S’ouvre et s’épanouit ;
Tout aime, tout jouit.

Hélas ! j’ai dans le cœur une tristesse affreuse.


Les buveurs en gaîté,
Dans leurs chansons vermeilles,
Célèbrent sous les treilles
Le vin et la beauté ;