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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.

Il eût donné les Francs, les Juifs et leur rabbin,
Son kiosque rouge et vert, et ses salles de bain
            Aux grands pavés de mosaïque,
Sa haute citadelle aux créneaux anguleux,
Et sa maison d’été qui se mire aux flots bleus
            D’un golfe de Cyrénaïque.

Tout ! jusqu’au cheval blanc qu’il élève au sérail,
Dont la sueur à flots argente le poitrail,
            Jusqu’au frein que l’or damasquine,
Jusqu’à cette Espagnole, envoi du dey d’Alger,
Qui soulève, en dansant son fandango léger,
            Les plis brodés de sa basquine !

Ce n’est point un pacha, c’est un klephte à l’œil noir
Qui l’a prise, et qui n’a rien donné pour l’avoir,
            Car la pauvreté l’accompagne :
Un klephte a pour tous biens l’air du ciel, l’eau des puits,
Un bon fusil bronzé par la fumée, et puis
            La liberté sur la montagne


(Les Orientales)
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SOLEIL COUCHANT




Le soleil s’est couché ce soir dans les nuées ;
Demain, viendra l’orage, et le soir, et la nuit ;
Puis l’aube, et ses clartés de vapeurs obstruées ;
Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s’enfuit !

Tous ces jours passeront ; ils passeront en foule
Sur la face des mers, sur la face des monts,