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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.



Si je ne puis unir aux saints mystères
Des vœux offerts sur les sacrés parvis,
Si le devoir me retient près d’un fils,
Prête l’oreille à mes chants solitaires.

Pour mon enfant, tourne, léger fuseau,
Tourne sans bruit auprès de son berceau.


Paisible, il dort du sommeil de son âge,
Sans pressentir mes douloureux tourments.
Reine du ciel, accorde-lui longtemps
Ce doux repos qui n’est plus mon partage.

Pour mon enfant, tourne, léger fuseau,
Tourne sans bruit auprès de son berceau.


Mère du Dieu que le chrétien révère,
Ma faible voix s’anime en t’implorant ;
Ton divin fils est né pauvre et souffrant :
Ah ! prends pitié des larmes d’une mère !

Pour mon enfant, tourne, léger fuseau,
Tourne sans bruit auprès de son berceau.


Des pas nombreux font retentir la ville ;
Le bruit confus, s’éloignant par degrés,
M’apprend la fin des cantiques sacrés.
J’écoute encor ! Déjà tout est tranquille…

Pour mon enfant, tourne, léger fuseau,
Tourne sans bruit auprès de son berceau.