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CASIMIR DELAVIGNE.


Ô sommets de Taygète, ô débris du Pirée,
Ô Sparte, entendez-vous leurs cris victorieux ?
La Grèce a des vengeurs, la Grèce est délivrée,
La Grèce a retrouvé ses héros et ses dieux !


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LES LIMBES




Comme un vain rêve du matin,
Un parfum vague, un bruit lointain,
C’est je ne sais quoi d’incertain
            Que cet empire ;
Lieux qu’à peine vient éclairer
Un jour qui, sans rien colorer,
À chaque instant près d’expirer,
            Jamais n’expire.

Partout cette demi-clarté
Dont la morne tranquillité
Suit un crépuscule d’été
            Ou de l’aurore
Fait pressentir que le retour
Va poindre au céleste séjour,
Quand la nuit n’est plus, quand le jour
            N’est pas encore !

Ce ciel terne, où manque un soleil,
N’est jamais bleu, jamais vermeil ;
Jamais brise, dans ce sommeil
            De la nature,
N’agita d’un frémissement
La torpeur de ce lac dormant,
Dont l’eau n’a point de mouvement,
            Point de murmure.