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ÉMILE DESCHAMPS.

Les sommets de l’Athos, la mer de Messénie,
Colonide, Avritas, tous ces caps enchantés
Brillaient à l’horizon des plus tendres clartés ;
Une flotte ionienne, aux lueurs des étoiles,
Entrait dans Coronée en abaissant ses voiles,
Comme, au tomber du jour, un essaim passager
De colombes, voguant vers un ciel étranger,
Pour dérober son vol aux ombres infidèles,
Sur un rivage ami ploie, en jouant, ses ailes.
Alcyon dans son nid gémissait doucement ;
Et la brise des nuits, de moment en moment,
Fraîche et molle, apportait jusqu’à Cymodocée
Les parfums des lauriers, la plainte cadencée
De Philomèle en pleurs sous les tilleuls mouvants,
Et la voix de Neptune, au loin battu des vents.
Le berger contemplait, assis dans la vallée,
La lune, suspendue à la voûte étoilée,
Des astres au front d’or guidant le chaste chœur,
Et se réjouissait dans le fond de son cœur.


(Poésie française, livre Ier.)
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LE MATIN D’UN BAL




Ça, monsieur le coiffeur, à cinq heures précises,
On vous attend là-bas, au quartier des marquises :
Courez vite, ou le diable à votre seuil, je crois,
Accrochera vos fers et vos peignes en croix !
Allez donc, et cherchez dans toute votre tête
Quelque rare coiffure à surprendre une fête ;