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& qu’ils mepriseroient eux-mêmes, s’ils considéraient que des livres si saints ne doivent pas tant s’examiner par les règles de l’éloquence du monde que par celles de la pieté & de la foy.

XII. On a cru de même que, pour ce qui regarde l’arrangement des mots & le nombre, on ne le devoir jamais rechercher lorsqu’il ne se trouvoit pas naturellement dans la suite de l’Ecriture, & que l’on perdoit quelque chose de sa simplicité pour l’y vouloir mettre. C’est pourquoy, quand on n’a pû éviter qu’il s’y trouvast un vers entier, amoins de forcer un peu la suite des mots, on l’a laissé sans aucune peine ; estant bien juste que l’oreille en ces rencontres soit moins satisfaite, afin que le cœur & la raison le soient davantage. On a suivi en cela cette parole très-sage du même S. Augustin, qui dit qu’ajoutant le nombre aux plus beaux endroits de l’Ecriture on pourroit y trouver tout ce que les hommes estiment tant dans les eloquens du monde. Mais il faut prendre garde, dit-il, qu’en voulant donner un agrément humain à des paroles toutes divines, lorsqu’on tâche d’y ajoûter du nombre on ne leur fasse perdre beaucoup de ce poids & de cette gravité qui les rend si vénérables : Sed cavendum ne divinis gravibusque sententiis, dum additur numerus, pondum detrabatur.

XIII. On n’a pas jugé devoir mettre des argumens au commencement des chapitres, parce que s’ils sont courts il arrive souvent qu’ils n’en marquent pas assez ce qui y est contenu, & qu'estant longs on ne les lit point. Mais on a pris garde de diviser chaque chapitre selon la diversité des choses qui y sont traitées, sans néanmoins rien changer dans