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tage ceux qui sont attachez au parti qu’on a choisi.

Il est vrai néanmoins qu’à l’égard de l’Evangile & des Actes, on ne jugeoit pas qu’il fust impossible de conserver cette exactitude littérale sans obscurcir le sens, parce que le discours en est pour l’ordinaire clair & simple ; mais on ne voyoit pas qu’on la pust garder dans la traduction de Saint Paul, sans la rendre si obscure en plusieurs endroits que l’on n’auroit pu y rien comprendre.

Cette difficulté auroit donc contraint sans doute d’abandonner entierement cette entreprise, si quelques pensées tres-judicieuses de S. Augustin n’avoient donné lieu de trouver un tempérament entre ces deux maux ; l’un de ne s’attacher qu’au sens de l’Ecriture en négligeant la lettre, l’autre de ne s’attacher qu’à la lettre en négligeant le sens.

Ce S. Docteur, voulant apprendre à ceux qui pourroient se rendre capables de servir l’Eglise, la maniere dont ils devoient lire l’Ecriture sainte, qu’il considère comme le thresor de la theologie, & comme la source de toutes les veritez qu’on doit sçavoir pour s’édifier soymême, ou pour instruire les autres, parle de plusieurs interprètes qui l’avoient traduite. Il dit que le nombre en estoit infini ; mais que si on s’en servoit en la manière qu’il le conseille, cette multitude de versions pouvoit plus servir que nuire à l’intelligence de l’Ecriture. Car il dit que les uns se sont fort attachez à la lettre, & que les autres ont este un peu plus libres pour suivre le sens ; que les uns ni les autres ne suffisent pas séparément, mais qu’ils peuvent s’entr’aider & s’entr’éclaircir,