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autre dans l’esprit & le cœur de l’Ecriture, que S. Grégoire appelle le cœur de Dieu, ajoute à ce que nous venons de dire une autre vérité tres-importante, & qui peut extremement consoler les ames moins éclairées. C’est que cette multiplicité de preceptes & de mysteres qui est répanduë en tant de differentes manieres dans les livres Saints se rapporte toute à cet unique commandement d’aimer Dieu de tout son cœur & son prochain comme soymême. Car l’Ecriture, dit ce grand Docteur, ne deffend qu’une seule chose, qui est la cupidité & l’amour des créatures ; elle ne commande qu’une seule chose, qui est la charité & l’amour de Dieu. C’est sur ce double précepte qu’elle établit toute la morale chrestienne. Non enim pracipit Scriptura nisi charitatem, nec culpat nisì cupiditatem ; & eo modo informat mores hominum. C’est à quoy se rapporte selon la parole de JESUS CHRIST toute la Loy ancienne & tous les prophètes ; & l’on peut ajouter, tous les mysteres & toutes les instructions de la loy nouvelle : car l’amour, comme dit S. Paul, est la plenitude & l’abregé de toute la loy. C’est cet amour, ajoute S. Augustin, qui est la racine, & toutes les veritez en sont comme les branches & les fruits. Si vous ne pouvez comprendre, dit-il, toutes ces branches qui ont une si grande étendue, contentez-vous de la racine qui les contient toutes. Celuy qui aime sçait tout ; parce qu’il possede la fin à laquelle tout se rapporte. Ne dites donc pas que vous ne pouvez comprendre l’Ecriture ; aimez Dieu, & il n’y aura rien que vous n’entendiez. Quand l’Ecriture est claire, elle marque clairement l’amour de Dieu ; & quand elle est obscure, elle le marque obscurément. Celuylà donc scait et qui est