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& de sagesse que nous adorons sans les comprendre.

Mais ce qui nous doit consoler dans cette obscurité, c’est que selon S. Augustin l’Ecriture sainte nous propose d’une maniere aisée & intelligible tout ce qui est nécessaire pour la conduite de nostre vie ; qu’elle s’explique & s’éclaircit elle-même en disant clairement en quelques endroits ce qu’elle dit obscurément en d’autres ; & que cette obscurité même qui s’y trouve nous est tres-utile, si nous la considérons avec l’œil de la foy & de la pieté. Car comme les perles & les pierres precieuses sont d’autant plus estimées qu’elles sont plus rares & qu’elles ne se trouvent qu’avec une peine extrême, & que par cette même raison l’argent au temps de Salomon estoit aussy méprisé que les pierres, comme dit l’Ecriture, parce qu’il estoit devenu commun : Aussy est-il utile, selon S. Denys & S. Augustin, que la Majesté de Dieu & l’eminence de sa sagesse soient comme environnées d’un nuage & cachées sous des ombres & des figures qu’on ne puisse pénétrer qu’avec beaucoup de méditation & de travail, afin qu’elle imprime plus vivement dans nos esprits cette crainte religieuse, & cette profonde révérence qui luy est düe.

Il estoit même necessaire à l’homme dans l’estat où le péché l’a réduit, que Dieu luy proposast sa verité de cette sorte pour humilier son orgœüil par la peine qu’il auroit à en penetrer les mysteres & les secrets ; pour réveiller sa paresse, pour l’obliger à demander afin qu’il reçoive ; à chercher afin qu’il trouve, & à frapper longtemps à la porte afin qu’elle luy soit ouverte ; pour luy faire voir qu’il n’y a que l’Esprit de Dieu qui sçache