Page:Lemaistre de Sacy - Nouveau testament, Mons, 1667, vol 1.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parole du Sauveur ce seroit entretenir nos maladies par le remede même qui les doit guérir. Celuy qui ne cherche dans l’Ecriture que son salut l’y trouvera, & la science même qu’il n’y cherchoit pas : Et celuy qui n’y cherche qu’à satisfaire un vain desir de sçavoir est en danger de devenir plus ignorant & plus aveugle en devenant plus presomtueux ; puisque scion la parole d’un grand Saint, l’orgueil ferme les yeux de l’ame, comme l’humilité les ouvre.

Ce seroir aussy une disposition capable de nous faire perdre tout le fruit que nous pourrions attendre d’une lecture si sainte, que d’avoir de la peine à nous y appliquer parce qu’elle est obscure en beaucoup d’endroits. S. Augustin le plus éclairé de tous les SS. Pères ne laisse pas de reconnoistre que l’Ecriture est pleine d’une si haute & si profonde sagesse, qu’il y a beaucoup plus de choses qu’il ne peut comprendre qu’il n’y en a qu’il entend. Et aprés cela nous étonnerons-nous que ce qui est arrivé aux Saints nous arrive, &que nous ne puissions pénétrer ce qui est demeuré caché lux plus éclairez :

L’Ecriture sainte est comme un grand fleuve, dit S. Grégoire, qui a toujours coulé & qui coulera jusques à la fin des siecles. Les grands & les petits ; les forts & les foibles y trouvent cette eau vivante qui rejaillit jusques dans le ciel : elle s’offre à tous, & elle se proportionne à tous ; elle a une simplicité qui s’abbaisse jusques aux ames les plus simples, & une hauteur qui exerce & qui eleve les plus élevez. Tous y puisent indifféremment ; mais bien loin de la pouvoir épuiser en nous en remplissant, nous y laissons toujours des abysmes de science