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contribue à le faire respecter, il estoit juste de ne pas laisser sa parole dans un langage, qui n’estant gueres propre à la faire révérer par la pluspart de ceux qui la lisent, pouvoit nuire à l’edification des fidelles. Car la disposition la plus nécessaire pour profiter de la lecture de l’Ecriture sainte estant de la regarder avec un profond respect & une adoration intérieure de toutes les veritez qu’elle enferme, il n’y a rien de plus contraire au bien des ames que ce qui peut diminuer ce respect, ny rien qui soit plus capable de l’affoiblir que de voir dans ces sortes de versions une si grande disproportion entre la Majesté de Dieu qui parle, & la bassesse surprenante des paroles qu’on luy attribue.

Il est vray que c’est une foiblesse aux hommes d’estre choquez des mots & des expressions qui ne sont plus en usage. Mais il faut avoüer qu’il y en a peu qui en soient exempts, & qui ne soient au moins détournez de l’application qu’ils devroient avoir aux choses les plus divines par ces façons de parler qui ne laissent pas de les surprendre, quand même ils n’en seroient pas blessez.

Ce sont là les raisons qui ont fait souhaitter qu’on entreprist la traduction du Nouveau Testament ; & il y a prés de trente ans que ceux qui y ont travaillé ont eu ces vües dans l’esprit sans qu’elles les déterminassent à rien ; parce que cette entreprise leur paroissoit aussy difficile dans l’execution, qu’elle estoit utile & avantageuse en elle-même. Enfin ayant différé environ vint ans, il y en a prés de dix qu’ils commencerent à y travailler. On fera voir dans la seconde partie de cette Preface de quelle sorte ils l’ont fait, & comment ils ont