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EN ce temps-là Samuel mourut. Tout Israël s’étant assemblé le pleura ; et il fut enterré en sa maison de Ramatha. Alors David se retira dans le désert de Pharan.

2 Or il y avait dans le désert de Maon un homme qui avait son bien sur le Carmel. Cet homme était extrêmement riche : il avait trois mille brebis et mille chèvres. Il arriva qu’il fit tondre alors ses brebis sur le Carmel.

3 Il s’appelait Nabal, et sa femme Abigaïl. Cette femme était très-prudente et fort belle ; mais pour son mari, c’était un homme dur, brutal et très-méchant. Il était de la race de Caleb.

4 David ayant donc appris dans le désert, que Nabal faisait tondre ses brebis,

5 lui envoya dix jeunes hommes, auxquels il dit : Allez-vous-en sur le Carmel trouver Nabal : saluez-le de ma part civilement,

6 et dites-lui : Que la paix soit à mes frères et à vous ! que la paix soit en votre maison ! que la paix soit sur tout ce que vous possédez !

7 J’ai su que vos pasteurs qui étaient avec nous dans le désert, tondent vos brebis : nous ne leur avons jamais fait aucune peine ; et ils n’ont rien perdu de leur troupeau pendant tout le temps qu’ils ont été avec nous sur le Carmel.

8 Demandez-le à vos gens, et ils vous le diront. Maintenant donc, que vos serviteurs trouvent grâce devant vos yeux : car nous venons à vous dans un jour de joie. Donnez à vos serviteurs et à David, votre fils, tout ce qu’il vous plaira.

9 Les gens de David étant venus trouver Nabal, lui dirent toutes ces mêmes paroles de la part de David, et attendirent sa réponse.

10 Mais Nabal leur répondit : Qui est David, et qui est le fils d’Isaï ? On ne voit autre chose aujourd’hui que des serviteurs qui fuient leurs maîtres.

11 Quoi donc ! j’irai prendre mon pain et mon eau, et la chair des bêtes que j’ai fait tuer pour ceux qui tondent mes brebis, et je les donnerai à des gens que je ne connais point !

12 Les gens de David étant retournés sur leurs pas, vinrent le retrouver, et lui rapportèrent tout ce que Nabal leur avait dit.

13 Alors David dit à ses gens : Que chacun prenne son épée. Tous prirent leurs épées ; et David prit aussi la sienne, et marcha suivi d’environ quatre cents hommes, et deux cents demeurèrent pour garder le bagage.

14 Alors un des serviteurs de Nabal dit à Abigaïl, sa femme : David vient d’envoyer du désert quelques-uns de ses gens pour faire compliment à notre maître ; et il les a rebutés avec rudesse.

15 Ces gens-là nous ont été très-utiles, et ils ne nous ont fait aucune peine. Tant que nous avons été avec eux dans le désert, il ne s’est rien perdu de ce qui était à vous.

16 Ils nous servaient comme de muraille tant de nuit que de jour, pendant le temps que nous avons été au milieu d’eux avec nos troupeaux.

17 C’est pourquoi voyez, et pensez à ce que vous avez à faire : car quelque grand malheur est près de tomber sur votre mari et sur votre maison, parce que cet homme-là est un fils de Bélial, et personne ne saurait plus lui parler.

18 En même temps Abigaïl prit en grande hâte deux cents pains, deux vaisseaux pleins de vin, cinq moutons tout cuits, cinq boisseaux de farine d’orge, cent paquets de raisins secs, et deux cents cabas de figues sèches. Elle mit tout cela sur des ânes,

19 et elle dit à ses gens : Allez devant moi, je vais vous suivre. Et elle ne dit rien de tout cela à Nabal, son mari.

20 Etant donc montée sur un âne, comme elle descendait au pied de la montagne, elle rencontra David et ses gens, qui venaient dans le même chemin.

21 David disait alors ; C’est bien en vain que j’ai conservé dans le désert tout ce qui était à cet homme, sans qu’il s’en soit rien perdu, puisqu’après cela il me rend le mal pour le bien.

22 Que Dieu traite les ennemis de David dans toute sa sévérité, comme il est vrai que je ne laisserai en vie demain au matin de tout ce qui appartient à Nabal, ni homme, ni bête.

23 Or Abigaïl n’eut pas plutôt aperçu David, qu’elle descendit de dessus son âne ; elle lui fit une profonde révérence, en se prosternant le visage contre terre,

24 et se jetant à ses pieds, elle lui dit : Que cette iniquité, mon seigneur, tombe sur moi. Permettez seulement, je vous prie, à votre servante de vous parler, et ne refusez pas d’entendre les paroles de votre servante.

25 Que le cœur de mon seigneur et de mon roi ne soit point sensible à l’injustice de Nabal : parce qu’il est insensé ; et son nom même marque sa folie. Car pour moi, mon seigneur, je n’ai point vu les gens que vous avez envoyés.

26 Maintenant donc, mon seigneur, comme Dieu est vivant, et comme votre âme est vivante, il est vrai aussi que le Seigneur vous a empêché de venir répandre le sang, et qu’il a conservé vos mains innocentes. Que vos ennemis qui cherchent les moyens de vous nuire, deviennent semblables à Nabal.

27 Mais recevez, je vous prie, ce présent que votre servante vous apporte a vous, mon seigneur, et faites-en part aux gens qui vous suivent.

28 Remettez l’iniquité de votre ser-