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Ce ne sont pas les mêmes personnages ni le même point de vue, voilà tout. Il est très juste de dire que « physiologie, psychologie, cela ne signifie rien », qu’on ne saurait les séparer absolument, et que celle-ci est le prolongement de celle-là (le caractère dépendant du tempérament et quelquefois du milieu, et tout sentiment ayant son point de départ dans une sensation). Seulement il y a des êtres primitifs chez qui ce prolongement n’est presque rien, et d’autres plus raffinés chez qui ce prolongement est presque toute la vie. Dans ce dernier cas, je ne vois pas pourquoi il serait interdit de sous-entendre une partie des origines physiologiques de l’état d’âme et d’esprit qu’on veut analyser, et de faire de cette analyse son objet principal. M. Paul Bourget, en écrivant Un crime d’amour, est resté en pleine réalité. Et on est tenté parfois de trouver cette étude du réel invisible aussi attachante que celle du visible réel. Sandoz rapetisse étrangement le domaine de l’art, et, ce qu’il y a de curieux, c’est que cet enragé croit l’agrandir ! Ah ! que le monde est donc plus vaste, plus profond, plus varié et plus amusant qu’il ne le voit ! Et que les états de certaines âmes sont plus intéressants en eux-mêmes que les événements extérieurs qui les « conditionnent » ! J’ai peur que le bon Sandoz n’ait jamais vu que la surface grossière de la vie et son écorce. Je suis charmé que le naturalisme soit venu : il a fait une besogne utile et peut-être nécessaire ; mais quelle horreur et quel ennui,