Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/250

Cette page n’a pas encore été corrigée

le style de M. Daudet, ce qui nous déconcerte un peu. Mais tout lui paraît préférable à l’exposition liée, unie, discursive. (Croyez-vous cependant que nous ne nous intéresserions pas davantage au candidat Freydet, si l’éducation, la jeunesse, le passé de ce hobereau homme de lettres nous étaient racontés tout tranquillement, tout bellement, à la papa ?)

Mêmes intermittences dans la marche de l’action que dans la vie des personnages. Ici, trois actions qui s’entrecoupent : l’histoire des grandeurs et de la chute d’Astier-Réhu ; l’histoire de la candidature académique d’Abel de Freydet et des progrès de la maladie verte chez ce brave garçon ; l’histoire des manœuvres de Paul Astier à la poursuite d’un grand mariage. Et, sans doute, on voit aisément le lien des deux premières, puisqu’elles se rapportent toutes deux à l’Académie. Il n’est pas non plus difficile de reconnaître que l’histoire du fils se rattache à celle du père par un effet de contraste. Même il y a, dans les rencontres de ce père et de ce fils, qui n’ont pas une idée en commun, un dramatique froid navrant qui serre le cœur (et qui serait peut-être doublé si l’auteur semblait moins persuadé qu’Astier-Réhu n’est qu’une horrible vieille bête)… Mais enfin cette unité secrète, intérieure du livre, M. Alphonse Daudet s’est si peu donné la peine de nous la rendre sensible, que nous pourrions presque affecter de ne pas l’apercevoir. J’ai hâte de dire que cette façon de composer ne me choque point. Elle se rapproche