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«… Puis la sortie, de froids saluts échangés entre les arcades du petit cloître, et le soupir soulagé de la duchesse, son : « C’est fini, mon Dieu ! » avec l’intonation désespérée de la femme qui a mesuré le gouffre et s’y jette les yeux ouverts, pour tenir un engagement d’honneur. »

Comprenez-vous ? Si la fière duchesse n’aime plus son architecte, pourquoi l’épouse-t-elle ? Parce qu’elle l’a promis ? Allons donc ! Ou bien si, tout en le jugeant, elle l’aime encore, il est bien singulier qu’elle ait perdu subitement tout souci de lui plaire… Je ne dis point que tout cela soit inexplicable ; je voudrais que tout cela me fût expliqué. Que s’est-il donc passé enfin, soit entre les deux amants, soit dans l’âme de Mari’ Anto, depuis le moment où nous l’avons vu sauter à cheval pour rattraper son joli jeune homme à la station ?…

Cette horreur de tout développement suivi, de tout éclaircissement qui n’est pas en action, est si forte chez M. Alphonse Daudet que, lorsqu’il est obligé de nous donner, pour établir son « milieu », certaines explications un peu longues, il n’hésite pas à employer l’artifice d’une correspondance ou d’un journal. C’est ainsi qu’il imagine, dans le Nabab, les mémoires de Passajon, et, dans l’Immortel, les lettres du candidat Freydet à sa soeur. Cet artifice détonne étrangement dans des livres où le souci de la vérité est, partout ailleurs, si évident. Car il se trouve que Fraydet et même Passajon ont l’œil et