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(Deuxième article.)

                                                    20 août 1888

J’ai attendu, pour vous reparler de l’Immortel, qu’on en parlât un peu moins et que l’on pût enfin s’apercevoir qu’il y a peut-être dans le dernier roman de M. Alphonse Daudet autre chose qu’une satire de l’Académie.

Le spectacle a été des plus divertissants pendant un mois. On a pu voir, au tapage qui s’est produit, à quel point nous avons la superstition académique dans les moelles. Cela est consolant. Il y a donc encore du respect en France, et quelque attache au passé, à la tradition. Il me paraît même que les colères soulevées par l’Immortel ont été aussi disproportionnées que les sentiments de M. Alphonse Daudet sur l’Académie.

Ou plutôt, non ; ces colères étaient justifiées. Car, enfin, on avait bien vu des hommes de lettres conspuer l’Académie dans leur jeunesse, quand elle ne songeait pas à eux, et y entrer dans leur âge mûr ; mais on n’avait jamais vu, que je sache, un écrivain, n’ayant qu’un signe à faire pour y entrer, déclarer publiquement qu’il ne voulait pas en être, et, l’Aca-