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félicité supra-terrestre et, si vous voulez, une grandiose, involontaire et douloureuse tautologie… Que serait donc un poème qui aurait pour titre : le Malheur ? Le même apparemment, sauf le ton. Cela est très instructif.

Je n’ai prétendu donner, sur l’œuvre nouvelle de M. Sully-Prudhomme, qu’une première impression. Le Bonheur est (avec la Justice) un des plus vastes efforts de création poétique qu’on ait vus chez nous depuis les grands poèmes de Lamartine et de Hugo. Ces livres-là se relisent ; et l’impression qu’on en a eue d’abord peut se corriger, se compléter et s’éclaircir. Je n’ai donc pas tout dit, ni même peut-être ce qu’il y avait de plus important à dire.

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P.-S. J’ai commis, en vous rendant compte du poème de M. Sully-Prudhomme, quelques erreurs dont je tiens à m’excuser. J’ai remarqué que la béatitude de Faustus et de Stella était purement humaine, et j’ai triomphé là-dessus. Mais le poète nous avertit lui-même que ses héros conservent intégralement, dans leur premier paradis, leur qualité d’hommes. Ainsi, page 113 :

 Mais, homme, ne crains-tu d’essayer l’impossible ?

Et page 146 :

  Je suis homme !… Tu sais comment me fut rendu
  Ce repos que j’avais, en t’oubliant, perdu.