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les astres, et cherchant partout la justice. Et vraiment, cette plainte, revenant à intervalles réguliers, nous avait semblé plus belle que les froides effusions des deux bienheureux. Un jour, Faustus entend cette voix des hommes et la reconnaît. Et tout de suite, sa félicité lui pèse, parce qu’il ne l’a pas assez méritée. Une chose lui manque : la joie, la fierté de l’effort et du sacrifice accompli.

  Car l’homme ne jouit longtemps et sans remords
  Que des biens chèrement payés par ses efforts…
  Il n’est vraiment heureux qu’autant qu’il se sent digne.

Or, à partir du moment où Faustus redevient un homme et recommence à souffrir, je n’ai plus qu’à admirer. Les magnifiques lamentations de la race humaine, l’éveil de la mémoire et de la pitié de Faustus au bruit de cette plainte qui passe, la scène où, assis près de Stella, il cherche au firmament son ancienne patrie, la terre ;

              (Je me rappelle cet enfer…
              Et cependant je l’aime encore
  Pour ses fragiles fleurs dont l’éclat m’était cher,
  Pour tes sœurs dont le front en passant le décore.)

les dialogues où il exprime à Stella les inquiétudes de sa conscience et son dessein de redescendre sur la terre pour faire profiter les pauvres hommes de ce qu’il a appris dans un monde meilleur, et même, s’il le faut, pour souffrir encore avec eux… il y a dans