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  Combien sur le vrai fond des choses
  La forme apparente nous ment !
  Le jeu changeant des mêmes causes
  Émeut les sens différemment ;
  Le pinceau des lis et des roses
  N’est formé que de mouvement ;
  Un frisson venu de l’abîme,
  Ardent et splendide à la fois,
  Avant d’y retourner anime
  Les blés, le sang, les fleurs, les bois.
  Ce vibrant messager solaire
  Dans les forêts couve, s’endort
  Et se réveille après leur mort
  Dans leur dépouille séculaire,
  Noir témoin des printemps défunts,
  Qui nous réchauffe, nous éclaire
  Et nous rend l’âme des parfums !
  Dans l’aile du zéphir qui joue,
  Dans l’armature du granit,
  Roi des atomes, il les noue,
  Les dénoue et les réunit.
  La terre mêle à son écorce
  Ce Protée en le transformant
  Tour à tour, de chaleur en force,
  En lumière, en foudre, en aimant.

  Soleil ! gloire à toi, le vrai père,
  Source de joie et de beauté,
  D’énergie et de nouveauté,
  Par qui tout s’engendre et prospère !

Peut-être ai-je trop querellé Faustus sur son prétendu bonheur. Mais voici qu’il me donne lui-même raison. Tandis qu’il menait, sur les gazons de sa planète paradisiaque, son éternelle et pâle idylle, la plainte de la Terre montait dans les espaces, frôlant