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des témoignages invoqués par M. Taine, les traits principaux de la figure qu’il a tracée demeurent. On sent que la constitution de l’âme de Napoléon devait être, au fond, telle qu’il nous la montre. D’abord, tout le premier chapitre est irréprochable ; on y voit, méthodiquement décomposé, le génie d’un grand homme de guerre et d’un grand conducteur de peuples. Qu’est-ce que le prince nous dit donc, que M. Taine « arrive à cet extraordinaire paradoxe d’écrire, sur Napoléon, de longues pages, sans qu’il soit fait même une allusion à son génie militaire ? » Eh bien ! et la page sur « les trois atlas » ? M. Taine n’avait pas, je pense, à raconter ici les campagnes de l’empereur. Dans le second chapitre, c’est l’être moral qui est décomposé et décrit. La description est effrayante et sombre. Mais, prenez gardé, elle ne s’appliquerait pas mal à Frédéric II ou à Catherine de Russie. C’est, au fond, la psychologie plausible de tous les individus qui ont exercé matériellement une très puissante action sur les affaires humaines…

L’espace me manque pour conclure. J’aurais voulu dire que, au bout du compte, j’aime le monstre conçu par M. Taine, non point avec mon cœur, mais avec mon imagination ; que d’ailleurs, après l’homme, l’œuvre resterait à juger, et qu’il faut donc attendre ; que, si les deux chapitres de M. Taine me ravissent, le volume du prince Napoléon ne me déplaît point ; que celui-ci juge en « homme d’acti-