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ET LAMARTINE ?


J’ai eu, la semaine passée, une grande surprise : on m’a affirmé que j’avais manqué de respect à Victor Hugo.

Comment ?

En déclarant que nul poète ne lui est supérieur par l’imagination ni par l’expression. J’ajoutais, il est vrai, qu’il est peut-être temps de ne lui tenir compte que de son œuvre et de le remettre à son rang, — qui est le premier.

Or, il paraît que ces propos sont injurieux. Je n’en crois rien. C’est par piété pour la poésie que j’ai pu sembler impie en parlant d’un grand poète. Je n’ai pas réclamé contre Victor Hugo, mais pour Lamartine et Musset — et aussi pour Balzac, pour Michelet, pour George Sand.

Je dois dire que j’ai été secrètement récompensé de ma piété par les remerciements de beaucoup de bonnes âmes. Mais, tandis qu’elles me félicitaient tout bas, j’étais accusé tout haut d’injustice et d’irrévérence, et j’ai vu que plusieurs de mes confrères persistaient à revendiquer pour Victor Hugo « l’immortalité hors classe », une immortalité d’un caractère officiel, sanctionnée par les pouvoirs publics.