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un médiocre ouvrier de rimes, a des strophes devant qui tout pâlit, car c’est la poésie même.

La vérité, c’est que nous avons tous admiré également et tour à tour ces trois merveilleux poètes, selon nos âges et selon les journées. Pour moi, chacun d’eux me paraît, au moment où je le lis, le plus grand des trois.

Et, s’il me fallait avouer, à mon corps défendant, que Musset n’a peut-être pas la puissance des deux autres, du moins je ne pourrais me prononcer entre ces deux-là, et je me redirais les vers du poète Charles de Pomairols, parlant de Lamartine :

 ….. Et son génie aisé, que la grâce accompagne,
  N’a pas le rude élan de la haute montagne
  Assise pesamment sur ses lourds contreforts,
  Miracle de matière, orgueilleuse géante,
  Qui redresse les flancs de sa paroi béante,
  Et tend au ciel lointain sa masse avec efforts.

  Plutôt son œuvre douce où coulent tant de larmes
  Fait songer à la mer triste, pleine de charmes,
  Dont l’Esprit langoureux, fluide et palpitant,
  Mollement étendu sur sa couche azurée,
  S’unit de toutes parts à la voûte éthérée
  Et berce tout le ciel sur ses flots en chantant.

      *       *       *       *       *

Mais peut-être est-ce le penseur et l’inventeur d’idées qui, chez Hugo, mérite un culte de « latrie » officielle ? Ses plus fervents admirateurs n’oseraient