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la lecture de Toute la Lyre, non celle que j’ai reçue, voilà quinze ans, de la Légende des siècles.

— Encore de la critique personnelle ! me dit une voix que je respecte. — Hé ! vous en parlez à votre aise ! Plût au ciel que j’en puisse faire d’autre et sortir de moi !

Laissez-moi donc vous parler librement et respectueusement du dernier livre lyrique de Victor Hugo. Librement ? Ai-je donc tant besoin de m’excuser ? Et l’espèce d’éblouissement qui m’est resté dans les yeux après cette lecture n’est-elle pas le meilleur hommage, étant le plus involontaire, que je puisse rendre au plus puissant assembleur de mots qui ait sans doute paru depuis que l’univers existe, depuis qu’il y a des yeux pour voir les objets matériels, des intelligences pour concevoir des idées, des imaginations pour découvrir les rapports cachés entre tout ce visible et tout cet invisible, et des signes écrits dont les combinaisons peuvent exprimer ces rapports ?

Ainsi je suis tranquille, et c’est en toute sécurité que je vous confierai mes impressions successives. Après le bienheureux ahurissement dont je vous ai parlé, je me recueille et je cherche à me reprendre. Qu’ai-je donc lu, en somme ? Que me reste-t-il dans l’esprit, une fois ces grandes vibrations éteintes ?

Voici. Le poète nous explique en cinq ou six cents vers que la Révolution ne pouvait se faire que par l’échafaud, mais que, maintenant qu’elle est faite,