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X.

Non, restons encore un peu ; car, avec tout cela, M. Paul Verlaine est un rare poète. Mais il est double. D’un côté, il a l’air très artificiel. Il a un « art poétique » tout à fait subtil et mystérieux (qu’il a, je crois, trouvé sur le tard) :

  De la musique avant toute chose,
  Et pour cela préfère l’impair
  Plus vague et plus soluble dans l’air,
  Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

  Il faut aussi que tu n’ailles point
  Choisir tes mots sans quelque méprise :
  Rien de plus cher que la chanson grise
  Où l’indécis au précis se joint…

  Car nous voulons la nuance encor
  Pas la couleur, rien que la nuance
  Oh ! la nuance seule fiance
  Le rêve au rêve, et la flûte au cor…

D’autre part, il est tout simple :

  Je suis venu, calme orphelin,
  Riche de mes seuls yeux tranquilles,
  Vers les hommes des grandes villes :
  Ils ne m’ont pas trouvé malin.

C’est peut-être par cette ingénuité qu’il plaît