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Beauté des femmes, leur faiblesse, et ces mains pâles
  Qui font souvent le bien et peuvent tout le mal…
  Et toujours, maternelle endormeuse des râles,
  Même quand elle ment, cette voix !…
 . . . . . . . . . . . . . . . . .
    Remords si chers, peine très bonne,
    Rêves bénis, mains consacrées,
    Ô ces mains, ces mains vénérées,
    Faites le geste qui pardonne !
 . . . . . . . . . . . . . . . .
  Et j’ai revu l’enfant unique…
  Et tout mon sang chrétien chanta la chanson pure.

  J’entends encor, je vois encor ! Loi du devoir
  Si douce ! Enfin, je sais ce qu’est entendre et voir,
  J’entends, je vois toujours ! Voix des bonnes pensées

  Innocence ! avenir ! Sage et silencieux,
  Que je vais vous aimer, vous un instant pressées,
  Belles petites mains qui fermerez mes yeux !

Hélas ! toutes ces chansons ne sont pas claires. Mais ici il faut distinguer. Il y a celles qu’on ne comprend pas parce qu’elles sont obscures, sans que le poète l’ait voulu, — et celles qu’on ne comprend pas parce qu’elles sont inintelligibles et qu’il l’a voulu ainsi. Je préfère de beaucoup ces dernières. En voici une :

  L’espoir luit, comme un brin de paille dans l’étable.
  Que crains-tu de la guêpe ivre de son vol fou ?
  Vois, le soleil toujours poudroie à quelque trou.
  Que ne t’endormais-tu, le coude sur la table ?

  Pauvre âme pâle, au moins cette eau du puits glacé,