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Mme SARAH BERNHARDT

DANS THÉODORA

…La grâce, le charme, la lumière, ou plutôt l’attrait malsain et diabolique de cette fantasmagorie byzantine, c’est encore Mme Sarah Bernhardt. Qui donc disait que la voix d’or s’était brisée à force de chanter tous les jours, partout et à travers les deux mondes ? Il m’a bien paru qu’elle sonnait aussi délicieusement qu’autrefois. Mais avez-vous remarqué la bizarrerie de sa diction ? Pourquoi cette continuelle mélopée ? Quelle drôle d’idée de psalmodier ses phrases sur un air d’enterrement pour bien marquer que c’est l’impératrice qui parle ! Cette diction officielle et impériale si violemment opposée à l’autre, c’est bien le comble de la convention. Mais est-ce qu’on y prend garde ? On est séduit, vous dis-je. D’où vient cela ?

Si l’on essayait de démêler les causes de ce puissant attrait que Mme Sarah Bernhardt exerce sur un grand nombre d’entre nous, je crois qu’on en verrait