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part avec les guerriers de la tribu de l’Aigle. Chépar, le commandant français, profite de l’incident pour sommer les Natchez de céder leurs terres. Chactas se rend, pour négocier, au Fort Rosalie, où on le garde comme prisonnier.

Et cependant, les Français et les Natchez se rencontrent. Et c’est alors une description « poétique » de bataille, à la manière de Virgile plutôt que d’Homère, avec des morts d’une pittoresque horreur, où le poète paraît se divertir effroyablement. Exemples :

 La hache du sachem, atteignant Adémar au visage, lui enlève une
 partie du front, du nez et des lèvres. Le soldat reste quelque
 temps debout, objet affreux, au milieu de ses compagnons
 épouvantés : tel se montre un bouleau dont les sauvages ont
 enlevé l’écorce au printemps ; le tronc mis à nu et teint d’une
 sève rougie se fait apercevoir de loin parmi les arbres de la
 forêt. Adémar tombe sur son visage mutilé et la nuit éternelle
 l’environne.

Ou bien :

 Tani est frappé d’un globe d’airain à la tête ; son crâne
 emporté se va suspendre par la chevelure à la branche fleurie
 d’un érable.

Ou bien :

…La membrane qui soutenait les entrailles de Lameck est rompue ;
 elles s’affaissent dans les aines, lesquelles se gonflent comme
 une outre. L’Indien se