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À côté de ces mots du texte imprimé : « Je suis bien fâché que mon sujet ne me permette pas de rapporter les raisons victorieuses avec lesquelles les Abadie, les Bergier, les Warburton ont combattu leurs antagonistes (les incrédules) et d’être obligé de renvoyer à leurs ouvrages », il met en marge : « Oui, qui ont débité des platitudes, mais j’étais bien obligé de mettre cela à cause des sots ». En regard de ce texte : « Dieu, la matière, la fatalité, ne font qu’un », il écrit : « Voilà mon système, voilà ce que je crois. Oui, tout est chance, hasard, fatalité dans ce monde, la réputation, l’honneur, la richesse, la vertu même : et comment croire qu’un Dieu intelligent nous conduit ? Voyez les fripons en place, la fortune allant au scélérat, l’honnête homme volé, assassiné, méprisé. Il y a peut-être un Dieu, mais c’est le Dieu d’Épicure ; il est trop grand, trop heureux pour s’occuper de nos affaires, et nous sommes laissés sur ce globe à nous dévorer les uns les autres. » En regard de ce texte : « Père des miséricordes… soit que tu m’aies destiné à une carrière immortelle, soit que je doive seulement passer et mourir… », il écrit : « Quelquefois je suis tenté de croire à l’immortalité de l’âme, mais ensuite la raison m’empêche de l’admettre. D’ailleurs pourquoi désirerais-je l’immortalité ? Il paraît qu’il y a des peines mentales totalement séparées de celles du corps, comme la douleur que nous sentons à la perte d’un ami, etc… Or, si l’âme souffre par elle-même, indépendamment du corps, il est à