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lui doivent Lamartine, Hugo, Vigny, Musset, Sand, Balzac, Thierry, Michelet, Lamennais, Montalembert, Lacordaire, même Villemain et Cousin, même Auguste Comte (quand il développe le génie social du catholicisme), et aussi Baudelaire, Leconte de Lisle, même Taine, même Renan, qui ne l’aime point. J’indique encore Vogüé, et m’arrête là, ne voulant pas nommer les vivants.

J’ajoute ceci : Chateaubriand, mort en 1848, a connu une très grande partie des œuvres de Lamartine, Hugo, Musset, Sand, Sainte-Beuve, et les six premiers volumes de l’Histoire de France de Michelet (1833-43). Évidemment s’il a tant agi sur les romantiques, quelques romantiques ont réagi sur lui, et peut-être (à mon avis) particulièrement Michelet. La prose de Chateaubriand est plus hardie de tours, plus surprenante de raccourcis, d’images ramassées et soudaines à mesure qu’on avance dans les Mémoires d’outre-tombe. Tout le romantisme, qui paraît né de lui, a ajouté, par répercussion, à sa virtuosité d’écrivain. Il a voulu n’être vaincu, en sortilège verbal, par aucun de ses fils ou petits-fils.

Il doit être content dans son immortalité, puisqu’il a sur toutes choses aimé la gloire.

Il a eu l’une des plus belles vies, et des plus pleines, et des plus variées, et des plus émouvantes qu’on puisse avoir. Autant que Tamerlan ou que Napoléon, il a considéré et traité l’univers comme une proie. Il a eu « une joie d’oiseau sauvage à se saisir de