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disait des choses tendres, aimables, souvent mélancoliques… Il parlait noblement de son âge, se disait trop imprudent, trop séduit. » « Un jour il vint chez moi tout chargé de ses ordres et sortant d’un dîner chez M. Pozzo di Borgo. Je m’amusais à le voir avec la Toison d’or et tant de décorations si bien portées. » « René, de plus en plus épris, me disait qu’il n’avait jamais été aimé d’une femme si tendre, mais il se plaignait en moi de sens glacés, d’une complète ignorance de ce qu’il cherchait, de ce qu’il désirait. Je ne savais ce qu’il voulait dire. » Cela m’étonne bien.

Ils faisaient tous deux des promenades au Champ de Mars, qui était alors un grand espace inculte. Ils dînaient ensemble, très souvent, dans un petit restaurant près du Jardin des Plantes. Il était « heureux comme un enfant, doux et tendre… Il avait de l’appétit, et tout l’amusait ». Il demandait du champagne, et elle lui chantait des chansons de Béranger : Mon âme, la Bonne vieille, le Dieu des bonnes gens. « Il écoutait ravi », et reprenait les refrains. Mais Hortense, de temps en temps, aimait à élever la conversation. Elle fit connaître à son ami la Symbolique de Creuzer. Une fois, il dicta à Hortense un passage de ses Études historiques : « La Croix sépare deux mondes… »

La liaison de Chateaubriand avec Hortense Allard, ou du moins leur correspondance, dura jusqu’en avril 1847, c’est-à-dire bien près de sa fin. Il lui écrivait en août 1832 : « Ma vie n’est qu’