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des juges pour une année, « afin de voir qui était royaliste en jugeant et qui ne l’était pas »). Pour la troisième fois la royauté ne sut pas, ne voulut pas se défendre. Chateaubriand se promène dans les rues pour se faire acclamer et porter sur les épaules des jeunes gens et des étudiants. À la Chambre des pairs, il exalte les insurgés ; il qualifie le coup d’État des ordonnances de « conspiration de la bêtise et de l’hypocrisie » et y voit « une terreur de château organisée par des eunuques ». Toutefois, il ne croit pas encore tout à fait à la République, et soit qu’il ait un bon mouvement, soit qu’il veuille (à quoi il tenait extrêmement) maintenir une apparence d’unité à sa vie politique, il refuse de se rallier au roi électif Louis-Philippe, et reste fidèle au petit duc de Bordeaux, en faveur de qui le roi et le dauphin ont abdiqué. Mais il n’en écrit pas moins des phrases comme celles-ci, qui sont assez pauvres, si je ne m’abuse : «… Je reviens à ma raison et je ne vois plus dans ces choses que l’accomplissement des destins de l’humanité. La cour, triomphante par les armes, eût détruit les libertés publiques ; elle n’en aurait pas moins été écrasée un jour, mais elle eût retardé le développement de la société pendant quelques années ; tout ce qui avait compris la monarchie d’une manière large eût été persécuté par la Congrégation rétablie. En dernier résultat, les événements ont suivi la pente de la civilisation. »