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du tout populaire ». (J’accorde d’ailleurs que ce n’était pas une raison pour qu’on ne la fît pas.) Elle avait contre elle la plupart des bourgeois et tous les anciens soldats de l’empereur. Presque tous les Français croyaient alors à la bienfaisance des principes de la Révolution. La Terreur, le Directoire paraissaient de monstrueux ou vils accidents, mais des accidents. En somme, la Révolution était récente ; on pouvait croire qu’elle n’avait pas eu le temps de produire ses vrais fruits, les fruits naturels de la démocratie et du régime de l’élection politique, et que ces fruits seraient excellents. Maintenant qu’elle les a produits, nous pouvons être moins crédules. Donc, de braves gens, — oh ! mon Dieu, nos grands-pères et arrière-grands-pères, — voyaient sans faveur une guerre entreprise pour les moines, croyaient-ils, et pour ce misérable roi Ferdinand VII.

Car ce représentant de la vérité politique était vraiment peu aimable. Et ce n’était là qu’un détail, mais très voyant. Écoutez comment Chateaubriand jugeait ce personnage.

Avant la guerre d’Espagne : « Ferdinand s’était encore rapetissé pour tenir moins de place dans sa prison (à Valençay)… » « Ferdinand entra dans Madrid (en 1814) roi netto. Le roi netto manqua sur-le-champ à sa parole. Il condamna les conservateurs de son trône à l’exil, au cachot, aux présides, etc… » Quand il jure la Constitution de 1812 : « Ainsi fut couronnée la tyrannie par la couardise, le