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après avoir détaché de ses épaules ses ailes blanches, bordées d’or, se plonge du ciel dans les flots ». Ce Gabriel diffère peu d’Iris envoyée par Jupiter. Et l’ange des mers, « l’ange sévère qui veille aux mouvements de l’abîme » n’est autre que notre vieux Neptune. Passe encore quand les anges ressemblent à de charmants demi-dieux ! Mais, pour nous expliquer que le méchant Hiéroclès est jaloux d’Eudore, est-il bien nécessaire ou est-il intéressant d’imaginer que Satan s’en va trouver dans son cachot le démon de la jalousie « couché parmi des vipères et d’affreux reptiles » et qu’il lui commande d’aller exciter la jalousie d’Hiéroclès, et qu’il « monte alors sur un char de feu » et qu’il y fait placer à ses côtés le monstre qu’il appelle son fils ; tout cet embarras pour inspirer à Hiéroclès le plus naturel des sentiments ?

Seul, le paganisme est agréable dans ce poème entrepris pour démontrer la supériorité poétique du christianisme. Si l’auteur nous présente Augustin, Jérôme, Sébastien, Pacome, Genès, Aglaé et son intendant Boniface qui est aussi son amant, il a bien soin de nous les présenter avant leur conversion. Il développe leurs erreurs avec une complaisance extrême. Il décrit, avec une délectation interrompue de scrupules hypocrites, ce dont Augustin se confessera avec horreur. « Hélas ! (notez cet hélas ! ) nous poursuivions nos faux plaisirs. Attendre ou chercher une beauté coupable, suivre l’enchanteresse au fond de ce bois de myrte et dans ces