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du goût le plus délicat ne peuvent rien objecter contre le célibat des prêtres. » Il insiste beaucoup là-dessus. Il a cet argument imprévu et vraiment trop ingénieux : « Le législateur des chrétiens naquit d’une vierge et mourut vierge. N’a-t-il pas voulu nous enseigner par là, sous les rapports politiques et naturels, que la terre était arrivée à son complément d’habitants et que, loin de multiplier les générations, il faudrait désormais les restreindre ? » Puis il songe aux philosophes et aux économistes : « Au reste… l’Europe est-elle déserte parce qu’on y voit un clergé catholique qui a fait vœu de célibat ? Les monastères même sont favorables à la société… »

Quand il rencontre l’enfer, dogme déplaisant, il supprime négligemment les peines physiques : « Le bonheur du juste consistera, dans l’autre vie, à posséder Dieu avec plénitude ; le malheur de l’impie sera de connaître les perfections de Dieu, et d’en être à jamais privé. » Un peu plus loin : « Les méchants, dit-il, s’enfoncent dans le gouffre. » Et il passe.

Le sacrement de mariage amène un tableau de noce rustique dans le goût de Gessner. La tentation d’Ève sert de prétexte à une très brillante description du serpent et au tableau d’un Canadien qui charme, en jouant de la flûte, un serpent à sonnettes. Je prends tous ces traits presque au hasard dans les trois premiers livres. C’est de l’apologie pittoresque, et poétique, par appels à l’