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sœur pour le frère et que la scène mélodramatique qui termine la prise de voile. C’est au point que, quand on songe à René, on ne songe point à cette seconde partie du récit, mais seulement aux vingt premières pages. Et, d’autre part, si l’aventure d’Amélie faisait penser à quelque chose, ce ne serait certes pas aux histoires d’Amnon et de Thamar ou d’Érope et de Thyeste, on y verrait plutôt une recherche d’effets tragiques à la manière de Diderot, un ressouvenir de toutes les histoires de religieuses passionnées et brûlantes où se sont plu les gens du dix-huitième siècle.

Aussi, pas un mot de vrai dans les explications de Chateaubriand. Il n’a pas conçu René comme une histoire édifiante et propre à montrer la beauté et l’utilité de la religion chrétienne, puisque René a été écrit plusieurs années avant le Génie du christianisme. Et son sujet ne lui a été inspiré ni par la mythologie ni par la Bible, puisqu’il l’a trouvé en lui-même, et près de lui.

René a été conçu et une première fois écrit, non seulement avant le Génie du christianisme, mais avant l’Essai sur les Révolutions et avant les Natchez. Ou plutôt René était d’abord une introduction à ce roman : car, dès les premières pages des Natchez, l’auteur appelle René « le frère d’Amélie », ce qui serait absolument inintelligible au lecteur, si l’histoire de René ne précédait pas celle des Peaux-Rouges. C’est après coup, et seulement quand il a publié les Natchez en 1827, qu’il a indiqué (dans une