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LXXXVII

avec une entière confiance : « Spinoza, dit Leibniz a commencé par où a fini Descartes, par le naturalisme : in naturalismo. »

Au XVIIe siècle, le naturalisme c’est le matérialisme : Mais il faut bien s’entendre sur le sens du mot matière et du mot nature.

La matière n’est pas pour Spinoza je ne sais quel être corporel immense qui se nourrit du sang de la masse, bien qu’il ait dit quelque part que nous vivons dans le tout comme des petits vers qui vivraient dans le sang. La nature n’est pas non plus une telle masse corporelle. « Par nature, dit Spinoza ; j’entends une infinité d’êtres. » Et ailleurs, il ajoute « L’être infini que nous appelons Dieu, ou Nature[1]. »

La matière est l’étendue de Dieu, la nature est la puissance de Dieu.

Le naturalisme ou le matérialisme de Spinoza, c’est donc de voir dans les choses le développement nécessaire de Dieu.

La nature est toujours la même : partout elle est une, partout elle a même vertu et même puis-

  1. Eth. IV, Præf. p. 162.