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XXXIV

Ce n’est pas seulement l’activité qui manque à cette âme tout idéale et tout abstraite, que Leibniz compare fort bien à un nombre, c’est aussi la simplicité, l’identité, la spiritualité et l’immortalité. Quoi de plus complexe, en effet, que cette âme de Spinoza, qui est l’idée d’un corps, c’est-à-dire une idée composée d’une foule d’autres idées qui répondent aux innombrables parties du corps, et dont la trame plus mince et plus déliée sans doute n’est pas moins compliquée que celle des tissus de ce corps qu’elle exprime ?

Mais aussi, quoi de plus changeant ? « Suivant Spinoza, l’âme change à chaque moment, nous dit Leibniz, parce qu’aux changemens du corps correspond un changement dans son idée. » Et plus loin « L’âme est pour lui tellement fugitive, qu’elle ne dure pas même dans la minute présente. »

Je ne m’étonne plus ensuite s’il fait des créatures autant de modifications passagères. En effet, une âme sans réelle unité, sans identité véritable, et tout à fait incapable de se suffire à elle-même, n’a rien de la substance et ne sau-