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qui l’accueille bientôt auprès de nouveaux juges, à l’Université d’Altdorf, et la proposition, qui lui est faite immédiatement, d’une chaire dans cette dernière ville, ne lui paraissent pas un dédommagement suffisant ; et il se détermine, sans effort d’ailleurs, à renoncer à renseignement pour une carrière qui convient mieux à la libre et mobile curiosité de son génie.

L’ancien ministre Christian de Boineburg, avec lequel il se lie à Nuremberg, lui fait obtenir un emploi à la cour de l’électeur de Mayence, Philippe de Schœnborn. Durant cinq années, de 1667 à 1672, Leibniz est mêlé aux affaires politiques de l’empire, où le prince électeur de Mayence tient le rang le plus considérable après l’empereur. Appelé à participer à la rédaction de projets politiques importants, revêtu de fonctions diplomatiques, et délégué successivement à Paris et à Londres ; chargé, mais sans succès, de présenter et de faire adoptera Louis XIV le plan d’une expédition en Égypte, qui doit détourner sur la Turquie une ardeur de conquêtes dont l’Allemagne et la Hollande redoutent les effets : il sait mettre à profit ces missions diverses pour nouer de durables et fécondes relations avec les plus illustres savants de l’Europe.

En 1676, il passe au service du duc de Brunswick-Luneburg, Jean-Frédéric, et trouve auprès de ce prince et de son successeur, auprès des princesses de la même maison, l’électrice Sophie et celle qui devait devenir reine de Prusse, Sophie-Charlotte, les emplois qui répondent le mieux à ses goûts et à ses aptitudes, celui de bibliothécaire de Hannovre et celui de conseiller écouté sur tous les grands intérêts de la politique, de la science, de l’industrie, de l’éducation publique et de la religion. La disparition de ses protecteurs condamne ses derniers jours à l’isolement ; mais s’il meurt en 1716 au milieu de l’indifférence de la nouvelle cour et de l’hostilité des envieux et des dévots, le deuil de l’Europe savante proteste suffisamment contre l’ingratitude de ceux qui l’entourent.