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hauteur, à laquelle un corps pesant d’une certaine grandeur et espece peut estre elevé, ce qui est bien different de la vistesse qu’on luy peut donner. Et pour luy donner le double de la vistesse il faut plus que le double de la force.

Rien n’est plus simple que cette preuve ; et Mons. des 5 Cartes[1] n’est tombé icy dans l’erreur que par ce qu’il[2] se fioit trop à ses pensées, lors même qu’elles n’estoient pas encore assez meures. Mais[3] je m’étonne que depuis ses sectateurs ne se sont pas apperçus de cette faute : et j’ay peur qu’ils ne commencent peu à peu d’imiter quelques peripateticiens, 10 dont ils se mocquent, et qu’ils ne s’accoustument comme eux de consulter plus tost les livres de leur maistre que la raison et la nature.

XVIII. La distinction de la force et de la quantité de mouvement est importante entre autres pour juger qu’il faut recourir à des considerations metaphysiques separées de l’etendue afin d’expliquer[4] les phenomenes des corps. Cette consideration de la force distinguée de la quantité de mouvement est assez 15 importante non seulement α en physique et en mechanique pour trouver les veritables loix de la nature et regles du mouvement, et pour corriger meme plusieurs erreurs de practique que se sont glissées dans les écrits de quelques 20 habiles mathematiciens, mais encor dans la metaphysique pour mieux entendre les principes[5], car le mouvement, si on n’y considere que ce qu’il comprend precisement et formellement, c’est à dire un changement de place, n’est pas une

  1. [et c’est sans doute par precipitation [et par sa confiance accoustumée sur la] que M. des Cartes est [tombé dans] ici tombé dans l’erreur puisqu’[en se fiant trop a ses premieres pensées :] [confondant deux choses si differentes].
  2. que par sa confiance accoustumée fondée sur le succès heureux de [quelques unes] de ses [meditations] pensées [et sur les experiences qu’il avoit de la penetration de son esprit, ce qui l’a rendu, à la fin un peu trop hardi].
  3. [Mais ses sectateurs ne pouvaient manquer] [de s’appercevoir de [sa] cette faute, s’ils n’avoient coustume, eux aussi bien que les peripateticiens].
  4. afin d’expliquer [la nature des corps] les phenomenes des corps.
  5. [des choses].