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la figure. Car le nombre le plus grand de tous, [ou bien le nombre de tous les nombres] aussi bien que la plus grande de toutes les figures, impliquent contradiction, mais la plus grande science et la toute-puissance n’enferment point d’impossibilité[1]. Par consequent[2], la puissance et la science sont 5 des perfections, et, en tant qu’elles appartiennent à Dieu, elles n’ont point de bornes.

D’où il s’en suit que Dieu possedant la sagesse supreme et infinie agit de la maniere la plus parfaite, non seulement au sens metaphysique, mais encor moralement parlant, et 10 qu’on peut exprimer ainsi à nostre égard, que plus on sera éclairé et informé des ouvrages de Dieu, plus on sera disposé à les trouver excellens et entierement satisfaisans à tout ce qu’on auroit pû souhaitter.

II. Contre ceux qui soutiennent[3] qu’il n’y a pas de bonté dans les ouvrages de Dieu, ou bien que les regles de la bonté et de la beauté sont arbitraires. Ainsi, je suis fort éloigné du sentiment de 15 ceux qui soutiennent qu’il n’y a point de regles de bonté et de perfection dans la nature des choses, ou dans les idées que Dieu en a et que les ouvrages de Dieu ne sont bons que par cette raison formelle que Dieu les a faits. Car si cela estoit[4], 20 Dieu sçachant qu’il en est l’auteur[5] n’avoit que faire de les regarder par apres[6] et de les trouver bons, comme le temoigne la sainte écriture, qui ne paroist s’estre servi[7] de cette anthropologie, que pour nous faire connoistre[8] que leur excellence

  1. [n’en impliquent point…].
  2. [Ce] sont des perfections et appartiennent à Dieu [de la maniere la plus illimitée…].
  3. [Contre ceux qui soutiennent que la beauté ou la bonté des choses ne dépendent que de l’opinion des hommes].
  4. [Ce qui estant].
  5. Sçachant [de les avoir faites]
  6. après [les avoir faites].
  7. [En se servant de, elle].
  8. [qu’il y avait de la bonté en eux].